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Institut Populaire pour la Citoyenneté

Sahel: Guerre ou Gouvernance ?

7 Janvier 2019 , Rédigé par Moustapha Djoufoune Publié dans #Sahel, #Afrique

Terrorisme, migration, réchauffement climatique, fragilités économiques et sociales. Jamais le Sahel n’a fait face à autant de crises simultanément. Si les effets de la guerre en Libye sont considérés comme les facteurs déterminants des flux migratoires et du terrorisme, les fragilités économique et sociales et la dégradation de l’environnement ne datent pas d’hier et résultent de plusieurs facteurs concomitants. De ces constats, faut-il envisager encourager les solutions militaires ou soigner la gouvernance ? 

Des crises - une réponse 

Ces défis qui étaient totalement nationaux il y a encore quelques années sont devenus  des préoccupations transnationales aussi bien en Afrique qu’en Europe. Si les pays du Sahel sont les principales victimes de ces crises, les enjeux migratoires, sécuritaires et géostratégiques que toutes ces crises impliquent ne laissent pas indifférents les pays européens. Ainsi, en faisant face à ces défis à la source (?) ces pays espèrent éviter toutes répercussions en Méditerranée occidentale. 

Pour le moment la réponse européenne et en particulier, Française est principalement militaire. Avec d’une part, l’envoi au Sahel de plus de 4 000 hommes en août 2014, sous la bannière de l’opération « Barkhane » et d’autre part en parvenant à faire voter au Conseil de sécurité de l’ONU et à l’unanimité, en juin 2017, une résolution saluant le déploiement d’une force antiterroriste de 5 000 hommes, composée de contingents de ces cinq pays du Sahel a savoir , la Mauritanie, le Niger, le Tchad, le Mali et le Burkina Faso, chargée de protéger les frontières de cette vaste zone sahélo-saharienne.

Même si ces types d’initiatives sont à saluer, dans la mesure où elles visent à combattre le terrorisme, le crime organisé transfrontalier et le trafic d’êtres humains dans l’espace du G5 Sahel. Elles présentent cependant, les limites d’être des interventions essentiellement militaires qui s’inscrivent dans un horizon temporel très court. Par ailleurs, des expériences militaires comme la MONUSCO au Congo RD et la MINUSCA en RCA montrent clairement que les interventions militaires ne permettent pas toujours de stabiliser les zones de conflits.
En outre, de telles interventions laissent croire que le Sahel est un groupe homogène de pays faisant face à un même ensemble de crises. Mais la réalité est tout autre. Agadez et Kidal ne présentent pas le même défi et Ouahigouya est loin d’être Tibesti. Dans ce contexte, apporter une réponse commune (militaire) à toutes les localités est certes alléchante mais en aucun cas appropriée. 

La gouvernance est la seule solution pérenne

Si des initiatives régionales comme celles du « G5 Sahel » sont à saluer.  Elles ne sont pas de nature à traiter sérieusement toutes les menaces à la paix, y compris celles qui alimentent le terreau où germe et se développe le terrorisme. En effet, l’embrigadement terroriste se développe facilement sur des terrains minés par les dégâts d’une mauvaise gestion des Etats. L'implantation de Bijoux Haram dans le bassin du Lac Tchad est la parfaite illustration du lien entre la mauvaise gestion des États et le terrorisme. En effet, le dessèchement de ce lac a contribué à l'appauvrissement de millions de pêcheurs et agriculteurs d'une part et le manque d'accès aux services de base et des perspectives d'avenir pour les jeunes, ont fait de la région un champ de recrutement fertile pour les groupes terroristes. Ainsi, malgré le bien fondé du «  G5 Sahel » , le fait qu’il soit porté par des dirigeants plus préoccupés par la consolidation, voire la pérennisation de leur pouvoir que le développement socioéconomique, remet clairement en cause l’efficacité à long terme d’une telle initiative.

Il est donc essentiel que les dirigeants du Sahel acceptent de traiter sérieusement toutes les menaces à la paix en particulier la question de la gouvernance politique et économique des Etats du Sahel. Ainsi seule une meilleure gouvernance, une lutte vigoureuse contre la corruption, plus d’inclusion sociale, une meilleure professionnalisation de forces de défense et de sécurité permettront de combattre définitivement ce mal du siècle.

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