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Institut Populaire pour la Citoyenneté

Le repli identitaire en Afrique : À qui la faute?

27 Décembre 2018 , Rédigé par Djamto Saturnin Galy Publié dans #Tchad, #Société

L'un des plus grands maux dont souffre l'Afrique s'appelle le « repli identitaire ». Le repli identitaire est un isolement par rapport aux personnes qui n'ont pas la même origine, la mêmen religion ou la même culture que soi. Du plus grand intellectuel au moins cultivé, c'est le même constat. C'est d'ailleurs, il faut le dire, le mal le mieux partagé par les pays africains. On pourrait citer d'autres maux comme étant plus dévastateurs que le repli identitaire, mais il faudrait se détromper. Le repli identitaire est le facteur de beaucoup de nos problèmes ou à tout le moins, la mère de nos tares. 


Comment expliquer la formation des poches identitaires?
Visible dans tous les Etats africains, le repli  identitaire n'est plus un fait à démontrer. Aussi flagrant soit-il, il trouve sa raison d'être  dans de nombreux faits quotidiens négligeables mais qui, mis ensemble constituent de réels fondements à la formation des poches identitaires qui sont sans conteste une invite à toutes  formes d'extrémisme. Lorsqu'un individu ne trouve de support que du côté des siens (ethnie, clan, famille, communauté religieuse...), il est plus enclin à les prioriser au détriment des autres et cela, même dans les services publics.   Il est porté à croire que les autres personnes, ne faisant pas partie de son cercle, sont insignifiantes d'où certains complexes de supériorité constatés dans les services publics ou dans nos vies courantes. Par conséquent,  il n'accorde ses faveurs  qu'en contrepartie des avantages.  De là, naît la corruption qui est l'un des maux les plus dévastateurs. L'individu qui baigne dans le repli identitaire n'accepte les autres que dans les rares situations où sa survie ou celle des siens en dépend.  Pour lui, il n'y a que sa communauté. Le national n'existe plus. C'est d'ailleurs ce qui justifie certains détournements de deniers publics pour le compte d'une minorité. L'utilisation des  patrimoines d'une communauté nationale pour des fins intéressant les siens et lui-même en est la démonstration.  Les  conflits  communautaires allant jusqu'à la perte  des vies humaines résultent de ce phénomène ou l'individu a tendance à se venger ou venger  certains membres de son clan victimes d'actes pas forcément imputables à une personne appartenant à un autre clan. Les guerres civiles partout en Afrique, le génocide rwandais, l'apartheid en Afrique du Sud, Les antibalakas contre la Seleka...sont les résultats de cet enfermement sur soi, nuisible à toute la société.


Qui faut-il tenir pour responsable ?
Le repli identitaire est  une posture naziste, aveuglante et antisociale. Pour ce faire, il convient d'identifier l'élément déclencheur.  Beaucoup de personnes recherchent à tort la cause des divisions ethniques, claniques, régionalistes, etc. dans la promotion des valeurs culturelles. Cela se révèle être une fausse piste du fait qu'il est impensable d'imaginer en Afrique ce que serait un individu dépourvu et détaché des valeurs culturelles de son groupe. C'est à juste titre qu'un académicien et homme politique disait : « La culture, c'est ce qui reste dans l'homme quand il a tout oublié ». Le danger naît du moment où, à part nos valeurs culturelles, il n'y a plus d'autres considérations. À ce moment-là, on aperçoit le monde du point de vue de son unique identité : l'extrémisme prend alors vie.

La défaillance de l'État
l'État, en tant que représentant et garant de la collectivité nationale, apparaît comme le premier responsable.
En effet, l'État a une obligeance et des obligations envers les populations (garantie de la sécurité des biens et des personnes, assistance des nécessiteux, préservation des droitsn et libertés fondamentaux, etc.). Ce qui incite au repli identitaire, c'est justement la défaillance de l'État à assumer ses responsabilités régaliennes. Ainsi, les gens se sentent mieux sécurisés, mieux assistés, mieux traités par leurs communautés ethniques, religieuses, etc. que par l'État qui brille par son absence et son indifférence. Ceci conduit inexorablement à la désorganisation et au sentiment d'insécurité de la société, favorisant donc la formation des lobbies à caractère identitaire que l'on qualifie ici de repli identitaire. 


Le rôle des parents
Le rôle des parents dans la formations des barrières identitaires n'est pas négligeable. Les enfants sont l'avenir et pour qu'ils puissent se mettre ensemble dans l'avenir, il faudra leur inculquer de bonnes valeurs. L'éducation rigoureuse est donc nécessaire et il est de la responsabilité des parents en tant que premiers responsables de l'éducation des enfants. Aujourd'hui avec les guerres et autres conflits communautaires multiples qu'a connus l'Afrique, les parents ont tendance à inculquer dès le base âge des idées de haine. On montre à l'enfant qu'il est supérieur à son camarade de classe, qu'il ne doit pas jouer avec son voisin du quartier parce-qu'appartenant à une classe de caste donc un sous-homme, qu'il doit se méfier de X parce que plus grand ennemi de la famille ou du clan...
Mais les enfants sont des enfants, ils n'ont pas besoin d'apprendre tout ça. Si ces histoires sont nécessaires, l'Etat leur mettra dans leurs programmes d'apprentissage à l'école. Les parents eux, doivent se concentrer à inculquer aux enfants des valeurs de paix, du pardon et du respect de la personne humaine. Nul n'est au dessu de l'autre. L'appartenance à une classe sociale ne peut pas définir l'infériorité ou la supériorité d'un homme vis-à-vis de l'autre. Si à la base les parents ne font pas ce travail, ce que l'État en tant que garant du vivre ensemble essayera de faire, ne sera que peine perdue.


Bref, le repli identitaire est un mal à bannir car il donne une ouverture sur d'autres formes d'extrémisme divisionniste encore plus graves. Pour essayer de briser la barrière identitaire, les parents se doivent de remplir leur devoir de transmettre des valeurs humaines à leurs progénitures. L'État quant à lui doit être continuellement à l'écoute de ses citoyens et répondre à leurs attentes, au risque que ceux-ci, acculés, prennent aléatoirement des mesures pour s'en sortir, mettant à mal la cohésion nationale. .

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